Le Parc national de l’Ichkeul
Le Parc national de l’Ichkeul est situé dans la plaine de Mateur, à 75 Km au Nord de Tunis dans le gouvernorat de Bizerte.EN BREF
Coordonnées géographiques :
L = 37°10'N
I = 9°40'E
Création:
Le Parc National de l’Ichkeul a été créé
le 18 décembre 1980 par le décret présidentiel n°80-1608
Inscription sur listes internationales:
L’Ichkeul a été retenu pour inscription sur trois listes internationales :
* en 1977 comme Réserve de la Biosphère (programme MAB de l’UNESCO)
* en 1979 comme Site du Patrimoine Mondial Culturel et Naturel (UNESCO)
* en 1980 comme Zone humide d’importance internationale (Convention de RAMSAR)
D’une superficie de 12600 ha, il est composé de trois entités paysagères : le lac Ichkeul, d'une superficie moyenne de 90 Km², les marais d’environ 30Km² qui l'entourent et un Jebel, massif calcaire culminant à 511 m, qui le surplombe au sud.
Le Parc national de l’Ichkeul se trouve dans les étages bioclimatiques sub-humide à hiver doux. L'ensemble du bassin de l'Ichkeul présente un climat assez homogène de type méditerranéen influencé par les vents dominants du Nord-Ouest, porteurs de pluie qui en font l'une des zones du littoral nord de la Tunisie les plus arrosées.
La profondeur moyenne du lac est de 1 m, variable selon les saisons et les années; les sédiments au fond du lac sont en majorité des sédiments fins, facilement remis en suspension par les vents dominants assez forts, déterminant une importante turbidité des eaux qui sont le plus souvent de couleur ocre.
Le Parc National de l'ichkeul est compris entre la chaîne des Mogods dont il draine les versants orientaux et la mer Méditerranée.
Le lac Ichkeul est une lagune secondaire alimentée en eau douce par un bassin versant, au réseau hydrographique très développé, d’une superficie de 2080 Km² et en relation avec la mer par l’intermédiaire du lac de Bizerte via l’oued Tinja long de 5 Km.
Fonctionnement hydrologique
En automne-hiver le lac est alimenté en eau douce par six principaux oueds, ce qui provoque une remontée du niveau des eaux du lac et l’inondation des marais ; le surplus se déverse alors vers le lac de Bizerte. En été au contraire, sous l’effet d’une intense évaporation et en l’absence d’apports des oueds, le niveau d’eau dans le lac s'abaisse au dessous de celui de la mer et le courant dans l’oued Tinja s’inverse, les eaux marines du lac de Bizerte pénétrant alors dans le lac Ichkeul.
La salinité des eaux du lac varie quant à elle en sens inverse des niveaux d'eau puisqu'elle atteint environ 40 g/l à la fin de l'été et descend au dessous de 10 g/l au printemps, voire au dessous de 5g/l.
Niveaux d’eau et salinité connaissent également une variabilité interannuelle importante puisqu'en cas de sécheresse extrême et prolongée la salinité peut ne pas descendre en hiver au dessous de 20 g/l et atteindre en été des pointes à 60g/l avec des niveaux d’eau très bas tout au long de l’année favorisant l’entrée d’eaux marines sur de plus grandes périodes.
C’est la double alternance saisonnière de niveau d'eau et de salinité (en hiver: haut niveau d'eau et faible salinité; en été: bas niveau d'eau et forte salinité) qui détermine en grande partie l'originalité écologique de l'écosystème laguno-lacustre de l'ichkeul en conditionnant une production végétale particulière, principal support alimentaire de milliers d'oiseaux d'eau migrateurs.
Richesse écologique de l'Ichkeul
La diversité et l’originalité des biotopes fait que le Parc National de l’Ichkeul présente une richesse exceptionnelle en faune et en flore sauvages, c'est ainsi qu'on a pu recenser 229 espèces animales et plus de 500 espèces végétales.
Le lac Ichkeul
Le lac abrite d'importants herbiers aquatiques immergés, représentés essentiellement par les potamots (Potamogéton pectinatus) et dans une moindre mesure par les ruppias (R. cirrhosa et R. maritima)
Les premiers, dont le développement dépend de l’alternance des apports d’eau douce et d’eau salée, constituent quasiment l’unique source d’alimentation de 3 des 4 principales espèces d’oiseaux d’eau hivernant à l’Ichkeul : canard siffleur (Anas penelope), canard milouin (Aythya ferina) et foulque macroule (Fulica atra).
Le lac héberge également une importante ichtyofaune d’eaux saumâtres, notamment des muges (Liza ramada et Mugil cephalus) et des anguilles (Anguilla anguilla).
Si l’Ichkeul est renommé pour son foisonnement d’oiseaux d’eau migrateurs en hiver, le Parc, et notamment les marais du fait de leur végétation étagée, n’en est pas moins un habitat important pour diverses espèces d’oiseaux sédentaires ou nicheurs.
Ces marais constituent également un milieu privilégié pour un troupeau d'une trentaine de têtes de buffles de l'Ichkeul.
Dans le Parc National de l’Ichkeul, le Jebel est d’abord un site paysager remarquable. C’est un pointement calcaire isolé duquel on jouit d’un vaste panorama sur le lac et les marais.
Il offre une végétation caractéristique de climat humide méditerranéen, particulièrement riche en espèces végétales, dominée par l'association de l'oléo-lentisque.
Ce jebel est également un milieu privilégié pour de nombreuses espèces d'oiseaux, notamment de rapaces et de passereaux parmi lesquels on peut citer l'aigle de Bonelli, le percnoptère d'egypte ou la Rubiette de Moussier.
Activités économiques dans le Parc
Le Parc National de l'Ichkeul héberge une soixantaine de familles qui vivent essentiellement des produits de leur élevage depuis la fermeture des carrières en 1994.La pêche dans le lac a été concédée à une société privée. Les méthodes de pêche sont essentiellement la pêche à la bordigue, pêcherie fixe au niveau de l'oued Tinja et la pêche aux filets trémails et par les capétchades dans le lac. Les prises annuelles moyennes étaient de l'ordre de 200 T/an jusqu’au début des années 90. Elles sont moindre actuellement, mais on assiste à une certaine reprise depuis 2003.
Les hammams situés au pied du jebel Ichkeul, au niveau des sources thermales chaudes (42°C) attirent de nombreux visiteurs, essentiellement au printemps.
Ils sont actuellement fermés, mais leur réhabilitation est en cours d’étude.Sur la pointe nord-est du jebel se trouve un écomusée où les visiteurs de plus en plus nombreux peuvent avoir accès à une exposition permanente évoquant l’importance du parc, en tant que zone humide et ses richesses.
Le centre d'accueil a été construit tout près de l’entrée du Parc, dans le but développer les activités de formation et de recherche. Il est ainsi équipé pour abriter les activités liées au suivi scientifique mené par l’ANPE et aux travaux de recherche sur les écosystèmes qu’elle soutient. C’est également un lieu où sont organisés des ateliers scientifiques ou des classes vertes sur les thèmes de l’environnement, de la biodiversité, des zones humides,….
Valeurs reconnues au niveau mondial
Le lac et les marais de l’Ichkeul sont depuis longtemps reconnus (avec Donana en Espagne, la Camargue en France et la région d’El Kala en Algérie) comme une des quatre principales zones humides du bassin occidental de la Méditerranée. Sa valeur biologique exceptionnelle et sa valeur paysagère remarquable avec le jebel, pointement rocheux isolé, surgissant au milieu d’une zone humide relativement étendue sont avérées à l’échelle mondiale; c’est en effet un des rares sites au monde inscrit dans trois conventions internationales.
Dernier grand lac d’eau douce d’Afrique du Nord, l’Ichkeul a été inscrit sur la liste des sites naturels du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1979, comme lieu d’hivernage important pour des milliers d’oiseaux d’eau migrateurs du paléarctique occidental.
La présence d’une population autochtone à l’intérieur même du parc ainsi que d’activités humaines liées à la conservation des ressources avait déjà motivé son inscription sur la liste des Réserves de la Biosphère de l’UNESCO en 1977.
La convention RAMSAR, en 1980, a quant à elle reconnu le lac et les marais d’Ichkeul comme zone humide d’importance internationale en tant que lieu d’hivernage pour des milliers d’oiseaux d’eau migrateurs, parmi lesquels certaines espèces sont menacées. Elle a également considéré ce site comme exemple représentatif de zone humide au niveau régional en tant que lieu de refuge pour de nombreux oiseaux nicheurs et pour son importance quant à sa population de poissons d’eaux saumâtres.
Problématique et actions de sauvegarde
Mais l’Ichkeul est également situé au coeur d'une région qui est le cadre d'un vaste programme de mobilisation des eaux pour l'alimentation en eau potable des villes côtières et pour l'agriculture; programme vital pour un pays à climat semi-aride comme la Tunisie. Dans le cadre de ce programme, six barrages sont prévus dont trois sont déjà en service : Joumine en 1983, Ghezala en 1984 et Sejnane en 1994. Ce prélèvement des eaux à l’amont du lac constitue une contrainte hydraulique majeure pour le fonctionnement des écosystèmes du lac et des marais de l’Ichkeul
Conscientes des impacts de la réduction des apports en eau douce sur le milieu naturel de l’Ichkeul, les autorités tunisiennes ont décidé de construire un ouvrage de régulation des échanges d’eau entre les lacs Ichkeul et Bizerte sur l’oued Tinja et ont organisé en 1990 un séminaire international sur l’Ichkeul qui a abouti à la réalisation d’une étude pluridisciplinaire traitant de tous les aspects abiotiques et biotiques du milieu.
Le principal résultat de cette étude a été l’élaboration d’un plan de gestion optimale du territoire du parc qui a identifié trois grands axes de gestion interdépendants :
* Une procédure de gestion de l’écluse de Tinja. Il s’agit de l’optimisation de la gestion hydrique du lac qui en fonction des apports d’eau naturels et à partir des barrages par une maîtrise des échanges entre les lacs Ichkeul et Bizerte
* Un plan de gestion optimale des écosystèmes du parc : il s’agit des mesures techniques et réglementaires pour la conservation, la réhabilitation et/ou la restauration des écosystèmes
* Un programme de mesures d’accompagnement socioéconomiques pour le développement des activités socioéconomiques dans le parc dans le respect des contraintes écologiques
Depuis la réhabilitation de l’écluse de Tinja, l’ANPE est chargée de la gestion de l’écluse de Tinja, selon les règles proposées dans l’étude et en fonction des résultats réguliers du suivi scientifique basé sur des indicateurs pertinents.
Les deux autres axes sont actuellement développés et en cours de mise en œuvre dans le cadre du projet de gestion des aires protégées financé par le Fonds Mondial pour l’Environnement et cogéré par le Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques et le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable dans le cadre d’une approche participative.
La réduction des apports d’eau douce à l’Ichkeul a cependant coïncidé avec une décennie caractérisée par des périodes de sécheresse prolongées (7 années sur les dix dernières ont eu une pluviométrie inférieure à la moyenne) et l’on a effectivement assisté jusqu’en 2002 à un déséquilibre des écosystèmes de l’Ichkeul.
Cependant, les trois dernières années ont été caractérisées par des conditions climatiques particulièrement favorables et l’on a assisté à une restauration des écosystèmes qui vient bouleverser les prévisions faites sur le devenir probable de l’Ichkeul et qui donne tout son sens aux mesures de protection et de gestion hydraulique du site telles qu’entreprises.
Les outils mis en place pour la gestion du plan d’eau et des marais
Le fonctionnement écologique du lac Ichkeul et de ses marais est fortement contrôlé par deux paramètres limitants, à savoir les niveaux d’eau et la salinité des eaux du lac, eux-mêmes commandés par deux facteurs essentiels :
* les apports d’eaux douce du bassin versant
* les échanges d’eau avec la mer (via le lac de Bizerte)
C’est ainsi que la gestion hydrique de l’écosystème laguno-lacustre est un des volets fondamentaux de la gestion du Parc puisque ce n’est qu’en agissant sur les niveaux et la salinité des eaux du lac que l’on pourra maintenir dans le lac et les marais des conditions favorables à la reconstitution et au maintien des herbiers, principal support alimentaire des oiseaux d’eau migrateurs mais aussi au maintien de la population de poissons.
Durant les années 90, la gestion hydrique du lac était « aléatoire », essentiellement commandée par les conditions climatiques. Depuis, les éléments de la gestion hydrique du Parc National de l’Ichkeul, tels que préconisés par l’Etude pour la Sauvegarde du Parc National de l’Ichkeul, ont progressivement été mis en place.
Il s’agit :
1. des transferts d’eau possibles vers le bassin de l’Ichkeul, via le barrage de Sejnane à partir du barrage de Sidi El Barrak (mis en eau depuis 2002)
2.
de la décision politique de considérer l’Ichkeul comme un consommateur d’eau à part entière et de lui réserver de l’eau à partir des barrages. Depuis trois ans, avec le rétablissement des conditions climatiques, ces lâchers ont nettement dépassé les 100 millions de m³ par an.
Le Plan Directeur des Eaux du Nord et de l’Extrême Nord, par un système d’interconnexion des barrages, a reprogrammé la gestion de l’ensemble des stocks en vue de la satisfaction de la totalité des besoins en eau, Ichkeul y compris. C’est ainsi que depuis 2002, le barrage de Sidi El Barrak permet, quand cela est nécessaire, l’amenée d’une partie des eaux mobilisées dans l’extrême Nord (bassin de Zouara) vers le barrage de Sejnane afin d’une part de suppléer aux transferts d’eau en dehors du bassin versant de l’Ichkeul vers Tunis et d’autres régions allégeant par là même la demande en eau pesant directement sur les barrages de Joumine et Sejnane et indirectement sur l’ichkeul et d’autre part, d’alimenter directement le lac Ichkeul.
3. de la réhabilitation de l’écluse de Tinja et de sa mise en œuvre afin de maîtriser les échanges avec la mer.
Les apports d’eau des trois barrages existants dans le bassin versant de l’Ichkeul ont atteint 292 Mm³ en 2002-2003 ; 120 Mm³ en 2003-2004 et sont de l’ordre de 340 Mm³ pour l’hiver 2004-2005. Avec la gestion de l’écluse de Tinja c’est une des composantes importantes de la gestion hydrique du Parc National de l’Ichkeul.
Avec la mise en œuvre de tous ces éléments on passe à un système de gestion hydrique du lac « stabilisé » à long terme, tel que décrit par l’Etude, qui s’appuie sur des lâchers (déversés, lâchers et/ou dévasements) des barrages et une gestion adéquate de l’écluse permettant de maîtriser les flux d’eau entrants et sortants du lac Ichkeul.
Il faut cependant bien garder à l’esprit que l’objectif recherché pour la sauvegarde des écosystèmes n’est pas la satisfaction systématique, chaque année, des contraintes biologiques de chacun des compartiments, mais plutôt une certaine récurrence de satisfaction de ces contraintes sur une longue durée.
Le suivi scientifique
L’ANPE a entamé depuis 1995 la mise en œuvre d’un programme de suivi scientifique comme composante essentielle de la gestion hydrique du lac Ichkeul et outil d’aide à la décision pour une meilleure formulation des objectifs de cette gestion.
Ce programme de suivi scientifique a pour objectif principal de :
* déterminer l’évolution générale des milieux et les tendances de changement par la surveillance de paramètres biotiques et abiotiques indicateurs de l’état de conservation des écosystèmes ;
* d’évaluer le degré de succès des mesures de gestion prises pour leur conservation et éventuellement de les réorienter.
Ce programme est actuellement axé sur l’hydroclimatologie avec un réseau de stations de mesures au niveau du lac mais aussi des oueds qui l’alimentent, sur la végétation du lac et des marais, sur l’avifaune et sur la population de poissons.
Ce programme est également relayé, pour des thèmes plus spécifiques, par une collaboration de l’ANPE avec les institutions universitaires dans le cadre de travaux de masters et/ou de thèses.
Principaux résultats du suivi scientifique
Evolution des conditions de milieu depuis les années 90
Les résultats du suivi scientifique des paramètres hydroclimatiques montrent que l’Ichkeul a été soumis durant ces dernières années à des situations hydrologiques particulièrement contrastées.
La période 1992/93 à 2001/2002 a en effet été marquée par deux périodes prolongées (3 et 4 ans) de sécheresse plus ou moins prononcée. La diminution importante des apports d’eau à l’Ichkeul , accentuée par la mise en eau du barrage Sejnane durant la même période, a fait que l’Ichkeul a été soumis pendant près de dix ans à des conditions drastiques de milieu qu’il n’avait pas connu auparavant, du moins en termes de durée, entraînant par là même un effondrement des écosystèmes : apports d’eau nettement inférieurs à la normale pendant 10 ans, salinités records des eaux du lac en été (80g/l en septembre 2002) mais aussi en hiver (supérieures à 20g/l durant les trois hivers 2000-2001 et 2002); courants entrants 9 mois sur 12 au cours de plusieurs années successives, disparition du potamogéton, quasi-assèchement des marais avec réductions importantes des superficies de scirpes, diminution marquée de la fréquentation des oiseaux d’eau hivernants ……
Cependant, l’année 2002/2003, avec des apports ruisselés au lac près d’une fois et demi supérieurs à la normale a permis en l’espace d’une année seulement de retrouver des conditions de milieu favorables pour le développement des herbiers du lac et des marais, pour la population ichtyique ainsi que pour l’avifaune. Cette séquence « humide » s’est prolongée en 2003/2004 et en 2004/2005 avec des apports au lac cette année là supérieurs à 500 millions de m³ (dont 340 millions en provenance des barrages). C’est ainsi que la salinité des eaux du lac a pu atteindre des valeurs très faibles durant tout l’hiver et le printemps (de l’ordre de 1 à 2 g/l) favorables à la consolidation des herbiers de potamots dans le lac et de la végétation de scirpes dans les marais. Cet hiver encore (2005/2006) les conditions de milieu favorables ont persisté.
Les paramètres biologiques
Le suivi scientifique des paramètres biologiques indicateurs a permis de constater que la restauration généralisée et persistante de conditions favorables du milieu a été suivi d’une régénération immédiate et durable des principaux indicateurs biologiques de l’Ichkeul :
* en premier lieu, la réapparition des herbiers de potamots dans le lac en 2003, pour la première fois depuis dix ans et qui s’est consolidée en 2004 et en 2005 puisqu’on a pu enregistrer en octobre 2005 une extension importante des superficies (46,6 Km² soit près de 60% de la superficie du lac) qui sont comparables à celles qu’on pouvait trouver avant barrage et des densités importantes;
* La régénération de la végétation hygrophile des marais et surtout le maintien du développement des herbiers à scirpes dans les marais durant tout le printemps avec par endroit des recouvrements et des hauteurs comparables à celles citées par Hollis pour la fin des années 70, notamment dans la portion est des marais de Joumine
* Une reprise, un peu plus marquée, de la fréquentation des oiseaux d’eau hivernants et des activités de reproduction des oiseaux nicheurs au niveau de l’oued Sejnane mais aussi de la faune icthyique avec la confirmation de la réapparition de la production d’anguilles.
La superficie d’extension des potamots en octobre 2005 a atteint 46Km², (30 Km² en 1993 avant les périodes de sécheresse) couvrant près de 60% de la superficie du lac. Les zones d’herbiers denses (recouvrement >90%) avec plus de 18Km² couvrent à elles seules 22% de la superficie du lac.
Rétablissement de la végétation de scirpes dans les marais de l’Ichkeul durant les quatre derniers printemps
Les résultats obtenus ces quatre dernières années montrent ainsi que malgré la succession d’années particulièrement difficiles, les écosystèmes conservent des capacités de régénération qui s’expriment de façon durable dès que les conditions de milieu deviennent à nouveau favorables. On a en effet pu constater la consolidation de la réhabilitation de l’ensemble des écosystèmes de l’Ichkeul à un niveau proche, pour certains compartiments, du niveau de développement de la fin des années 70 – début des années 80.
Ces constatations sont particulièrement importantes pour la gestion du Parc National de l’Ichkeul et notamment la gestion hydrique du lac et des marais. En effet, elles viennent conforter les options prises de gestion interannuelle des divers ouvrages hydrauliques, notamment de l’écluse, puisqu’il s’avère que les écosystèmes subsistent en dépit de la présence de « mauvaises années » et même, comme cela a été le cas dans le passé, sont façonnés par celles-ci.
D’autre part, ces évolutions récentes des écosystèmes, venues bouleverser les hypothèses les plus pessimistes sur le devenir probable de l’Ichkeul à la fin des années 1990, montrent l’importance de la recherche scientifique pour une meilleure compréhension du fonctionnement et des potentialités des écosystèmes et une meilleure gestion du Parc. C’est dans ce cadre que l’ANPE développe sa collaboration avec les institutions universitaires et de recherches tunisiennes sur divers domaines liés à l’Ichkeul.
Compte tenu de l’amélioration très nette des conditions de milieu et de la régénération consécutive des écosystèmes de l’Ichkeul ainsi que des mesures prises pour la conservation de ce site, le Comité du Patrimoine Mondial a décidé lors de sa 30ème session à Vilnius du 8 au 16 juillet 2006 de retirer le Parc National de l’Ichkeul de la Liste du Patrimoine Mondial en péril pour le réintégrer dans la Liste du Patrimoine Mondial.
Collaboration avec les organisations internationales
* Organisation en janvier 2003 avec le concours de l’UNESCO un atelier de concertation sur la gestion intégrée du bassin versant de l’Ichkeul qui a permis de dégager plusieurs recommandations relatives aux aspects institutionnels, scientifiques et de gestion. Ces recommandations qui s’inscrivent dans une vision de développement durable de l’ensemble du bassin versant ont défini les éléments de base pour l’élaboration d’un agenda21 local.
* Avec l’Union Mondiale pour la Nature (UICN), il a été possible de définir un programme de suivi reprenant et complétant le suivi mené depuis 1995 et qui a identifié des paramètres et indicateurs appropriés pour connaître l’évolution de l’état de conservation /restauration du Parc National de l’Ichkeul .
* L’Ichkeul a été choisi comme site pilote pour l’organisation d’un cours de formation organisé par le Centre du Patrimoine Mondial en mai 2003 destiné aux gestionnaires de sites naturels du Patrimoine Mondial des pays de la région des Etats Arabes : « Deuxième atelier sur l’utilisation de la technologie de l’information pour les biens du Patrimoine Mondial dans la région des Etats arabes ❖ Tunis 3 -15 Mai 2004 »
* Le WWF a organisé une session de formation sur la conservation et la gestion des eaux douces et des zones humides « Wetschool » pour la région méditerranéenne à l’Ichkeul même du 13 au 19 juin 2004 en collaboration avec l’ANPE et l’INAT. Cette session annuelle de formation pratique des associations environnementales dans la région méditerranéenne rentre dans le cadre des activités de « Across the Waters (ATW) responsable de la formation du Programme Méditerranéen du WWF.
Evénements
Une délégation de la chambre des conseillers a effectué, le 28 février 2007, une visite au Parc National de l’Ichkeul. Les membres de la délégation ont pris connaissance des composantes du parc et de ses spécificités naturelles, environnementales et écologiques et du programme du suivi scientifique effectué par l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement sous l’égide du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable.
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